Le Coin Lecture

Histoires d’eaux, Viviane Dalles

“Une goutte d’eau puissante suffit pour créer un monde et pour dissoudre la nuit. Pour rêver la puissance, il n’est besoin que d’une goutte imaginée en profondeur.” Gaston Bachelard, L’eau et les Rêves, 1942.

Viviane Dalles, photographe indépendante née en 1978 en Aveyron, nous propose à travers son ouvrage “Histoires d’eaux”, de découvrir le lien qui unit les habitants et le fleuve de l’Hérault.

Alors qu’elle s’installe avec sa famille à Valleraugue, une inondation ravage le village et ses alentours quelques mois plus tard lors de la journée du 19 septembre 2020. 720 mm viennent de s’abattre sur le territoire. L’équivalent d’une année de pluie en douze heures. 

Suite à cet événement tragique, et ce, pendant deux ans, Viviane Dalles va arpenter la vallée à la rencontre de ceux qui y vivent et qui, du jour au lendemain, doivent tout reconstruire. Elle dresse ainsi un portrait sensible et authentique de ses récents voisins, et de leur lien étroit avec le bord du fleuve. 

Des suites de ce projet, Viviane Dalles réalise un travail photographique en 2022 intitulé « Ce qu’il en reste » en résidence avec le GRAPh, sur la mémoire des inondations qui ont dévasté l’Aude le 15 Octobre 2018. Ce travail a pris la forme d’une série de portraits en noir et blanc argentique, accompagnés de témoignages d’habitants. 

De plus en plus nombreuses et virulentes, les inondations ne cessent de bouleverser le quotidien des habitants et de notre environnement. Viviane Dalles traite ce sujet d’actualité avec beaucoup d’humanité à travers ses différents documentaires.

 

Du 20 Avril au 2 Juin 2024, Viviane Dalles exposera son travail photographique aux Essarts à Bram.

Histoires d’eaux, Viviane Dalles

2023

L’Atelier Val d’Aigoual, 15€

Rédaction : Noëlie Joye et Erina Paychera

Odysseus, L’autre monde, Michaël Duperrin

Il était une fois, la Méditerrannée. « Depuis plus de mille ans, des érudits tentent de situer les lieux de L’Odyssée ». Michaël Duperrin s’est engagé dans cette quête folle, se prêtant au jeu de retrouver les lieux parcourus par Ulysse, dans le célèbre ouvrage de L’Odyssée écrit par Homère.

Fiction, mythe et réalité se mêlant, l’auteur utilise une technique photographique qui a été mise au point en 1842: le cyanotype. Par ce procédé chimique, on obtient un tirage photographique d’un bleu intense, dont l’aspect visuel ressemble à une gravure. Les photos, granuleuses, donnent l’impression d’avoir été développées avec l’eau de la méditerranée. Référence sûrement au voyage d’Ulysse et son équipage. Tout le livre, de la couverture jusqu’au texte, est baigné de ce bleu Prusse.

Récit d’aventure, L’Odyssée reste intemporelle. Suite à la guerre de Troie, Ulysse, roi d’Ithaque, prend le chemin du retour afin de retrouver son île, son fils et sa femme, la belle Pénélope. Mais son voyage sera jonché d’obstacles. Créatures mythologiques et dieux grecs s’acharnent contre lui, déciment son équipage et l’empêche de retrouver son chemin. Malgré la ruse et d’intelligence du héros, celui-ci mettra dix ans à retrouver et délivrer sa famille. Ulysse, malgré lui, découvre le monde alors que son seul désir est de rentrer chez lui.

Véritable carnet de voyage, Odysseus, L’autre monde vous embarquera dans un monde de voyages et de légendes, à travers le temps et la méditerranée.

Odysseus, L’autre monde, Michaël Duperrin

2019

Sunsun éditions, 35.00€

Rédaction : Noëlie Joye et Sophie Gomez

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Luigi Ghirri l’amico infinito, Claude Nori

Claude Nori, né le 4 février 1949 à Toulouse, est un photographe et éditeur français. Il a créé les éditions Contrejour à Paris, la revue Caméra International, Les Cahiers de la photographie, participé à de nombreux événements culturels avant de fonder, en 1999, le festival Terre d’images à Biarritz, où il réside actuellement.

«  Lorsque à Paris je n’allais pas bien, que j’avais le mal du pays, je prenais le train et j’arrivais le matin à la gare de Modène. Luigi venait me chercher. Sur le chemin nous n’arrêtions pas de parler. L’avenir nous appartenait, un champ de possibilités énormes nous devançait, tout était à construire dans cette photographie nouvelle que nous aimions et cela nous rendait heureux. Alors nous chantions les tubes de l’été et même les chansons les plus stupides. Nous nous arrêtions souvent pour boire un café, rapide, d’un seul… »

Luigi Ghirri affirma plusieurs fois que « la photographie était d’abord une façon de penser la photographie » mais il ne cessa en fait de « penser par images ». Son travail par séries et séquences, ses livres conçus comme un enchaînement poétique laissent toujours la place à l’émotion. Géomètre, artiste conceptuel, photographe, théoricien, éditeur, organisateur d’expositions, il transforma et fit connaitre la photographie italienne dans son pays et à l’étranger. Il fut l’ami de nombreux intellectuels, architectes, historiens, musiciens et penseurs qui vivaient près de chez lui à Modène où régnait une intense activité artistique. 

Claude Nori, son ami depuis 1973 jusqu’à sa disparition en 1992, a publié tous ses livres en France. Il dresse ici un portrait vivant, intime, libre et très émouvant de ce grand photographe à travers leurs voyages, leurs virées sur les petites routes de la plaine du Pô, leurs échanges sur la technique et les tirages, leurs discussions sur le cinéma néoréaliste, les grands courants et les ouvrages qui marquèrent la photographie. Composé en chapitres qui sont autant de petites anecdotes de moments partagés, le livre restitue l’ambiance de ces années de rupture et de renouveau permettant de comprendre la pensée et l’œuvre de Ghirri : la conception du livre Kodachrome, la visite de l’atelier Morandi, Versailles, le colloque à la Sorbonne en 1985, Bob Dylan, Lucio Dalla, Walker Evans… Ce portrait à l’opposé de tous les poncifs théoriques révèle un Luigi Ghirri drôle, émouvant, qui semblait avoir trouvé « un équilibre extraordinaire entre le mal-être de l’existence et le bien-être du regard ». 

Le livre est complété d’entretiens, d’interventions plurielles comme celles de Jean-Claude Lemagny, Michel Nuridsany, de textes de Luigi Ghirri et de photos souvenirs inédites de Claude Nori. Une sélection de photographies de Luigi Ghirri accompagne cet essai, permettant d’avoir une vision globale et critique de son œuvre.

Luigi Ghirri l’amico infinito, Claude Nori

Contrejour

Rédaction : Paloma Faugère

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Juliette, Denis Dailleux

« Dans la série de Denis Dalleux, qu’il intitule « Ma Tante Juliette », Juliette, sa grande tante, joue. Et lui aussi. Juliette, femme de ferme, en pied, ou en pièces et morceau, mains, œil, le droit le gauche, fermés les deux, le droit et le gauche, cheveux, effet de cheveux, cuisse, effet de cuisse ; et la cicatrice de son bas est recousue à gros point. Juliette crêtée de rhubarbe folle. Juliette de face, Juliette de profil, ou de dos. Et son chignon bas de vieille dame devient un coquillage, une fleur rare. Juliette dans le miroir. Sans le neveu, ou avec lui. Juliette avec ou sans canne. Suspendu, accrochée au fil du linge et du temps. Masquée d’un bas, fin prête pour le casse du siècle. Grimaçante, délurée, déchainée, intenable. Partie pour le carnaval, loup en tête. Malicieuse. Presque mutine, toujours mutinée. Tragique et fatale au bord de la toile cirée. Seule. Juliette a cru, à vif, a capella. Couronnée d’un cœur de tournesol, ou de plumes comme un chef indien, ou de papier doré comme une qui aurait trouvé la fève dans une galette. Embusquée. Drapée de feuillages africains, ficelée, emballée. Juliette à sa coiffure dans l’antre d’une chambre profonde. Avec ou sans chapeaux. Chapeaux de paille, désinvoltes, effrontés, royaux. Juliette en Queen. Juliette en châle frileux. Ou armée d’un plein panier de haricots »

Dans le village d’enfance du photographe Denis Dailleux, en Anjou, vivait une femme de caractère, véritable personnage de roman : Juliette, sa grand-tante, décédée en 2007 à l’âge de 100 ans. Entre le photographe et son modèle, entre la vieille femme et le jeune homme, une complicité unique a instauré pendant plus de quinze ans un jeu grave et drôle, un jeu qui prenait parfois des allures de défi, mélange de séduction, d’âpreté et de malice.
Tel un modèle, Juliette accepte les mises en scène de Denis qui tirent parti du décor de la ferme, jouent avec les objets et les plantes. Au fil des ans, les photographies se font plus audacieuses et révèlent une personnalité inattendue qui semble s’épanouir sous l’objectif.

À travers les portraits de Juliette, magnifiques de justesse, apparaît aussi la réalité d’un monde rural modeste et précaire, avec ses codes sociaux et ses valeurs, où la rudesse l’emporte parfois sur la sagesse. Avec son caractère bien trempé et son refus du qu’en-dira-t-on, Juliette y fait figure de résistante, portée par son intuition et une intelligence sensible. Dès lors, l’acte de photographier devient un acte de vie et ces images constituent aujourd’hui un témoignage précieux sur une de ces « vies minuscules » chères à Pierre Michon, vibrantes d’humanité, qui marque notre commune appartenance au monde.

Un premier texte rédigé par Denis Dailleux livre au lecteur quelques détails biographiques sur la vie de Juliette ; on y sent son isolement, sa fragilité et la pudeur qui la caractérise, mais aussi son incroyable capacité de résistance qui l’a conduite à accepter l’aventure photographique que lui proposait son petit-neveu.
Un second texte, littéraire, vient marquer l’intemporalité et l’universalité de cette série. « Née dans une famille de paysans » selon ses propres mots, Marie-Hélène Lafon dépeint admirablement dans ses romans la réalité du monde rural. Elle accompagne ici les photographies de Denis Dailleux, entre récit fictionnel et propos sur l’image.

Juliette, Denis Dailleux

Le Bec en l’air édition

Rédaction : Paloma Faugère

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Habitat sauvage, Léna Durr

 Léna Durr s’intéresse aux normes et marges de la société qu’elle met en scène dans un travail photographique toujours tendre et un peu nostalgique. L’œuvre et le quotidien de l’artiste ne font qu’un puisqu’elle vit elle-même dans un mobil-home, à Cuers dans le Var, au milieu d’objets collectés depuis son adolescence. Habitats sauvages est à la fois un travail dans la lignée de ses recherches et le fruit de son travail de plusieurs mois en résidence en 2020 au centre d’art en partenariat avec l’ESADPTM.

S’il n’en existe pas de définition consacrée, la notion d’habitats sauvages, choisie par l’artiste pour qualifier les lieux de vies des personnes qu’elle est allée rencontrer, permet à la fois d’embrasser la complexité de son approche et l’hétérogénéité des situations observées.

Par opposition à la notion de domestique, qui renvoie à l’idée de la maison conventionnelle, celle de sauvage témoigne d’une volonté de s’inscrire dans un mode d’habiter non-conventionnel, en marge ou en lisière de la société. Le sauvage, c’est-ce qu’on ne connaît pas, ce qui n’a pas été domestiqué. Le sauvage fait peur pour ce qu’il s’écarte des standards sociétaux.

Pour les écologues, les habitats sauvages s’appliquent aux milieux naturels au sein desquels les animaux évoluent. Dans des espaces naturels, agricoles ou forestiers, ces habitants de mobilhome, caravanes, cabanes, yourte, et autres constructions démontables, que l’artiste nous présente, passent l’essentiel de leur temps à l’extérieur et ont en commun avec les animaux sauvages, la vie en plein-air, au plus près de la nature et des saisons. Avec leurs tailles modestes, leurs procédés auto-constructifs, et la sobriété qui les caractérise, leurs habitats ne sont pas sans rappeler les nids ou les terriers des animaux de la forêt.

A travers ses portraits de personnes qui vivent dans des habitats sauvages, Léna Durr s’appuie sur un travail ethnographique et documentaire pour déployer un récit intime et bienveillant, dans lequel elle donne à voir des parcours et des modes de vie, qui échappent aux règles établies, en décalage et en résistance face à des normes imposées, des territoires instables où les notions de richesse, de bonheur et de temps libre sont remises en question.

Habitat sauvage, Léna Durr, autopublié

Rédaction : Paloma Faugère / Article Alexandre Telliez-Moreni

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And Also The Trees, Marc Blanchet

« Qui n’est pas pour­suivi par le fan­tôme d’un arbre ? Autour de lui lou­voie une forme de volupté par­ti­cu­lière. Écri­tures pho­to­gra­phique et lit­té­raire se côtoient ou se dis­joignent pour pen­ser le pay­sage, dans ses mys­tères, ses rup­tures, son opa­cité et par­fois son silence.
En miroir d’un essai sur l’acte pho­to­gra­phique et la per­cep­tion de son propre corps lors des prises de vue, l’écrivain-photographe Marc Blan­chet, par l’horizontalité du pay­sage ou la ver­ti­ca­lité d’un arbre, met face à un uni­vers qui sur­git entre sou­dai­neté et dis­pa­rité, pré­sence et profusion. »

Marc Blanchet, né en 1968, est écrivain et photographe. Il vit actuellement à Tours. Il a publié récemment aux éditions Obsidiane Tristes encore (poésie, 2022) et aux éditions La Lettre volée, Le Pays (poésie, 2021). Auteur d’une vingtaine d’ouvrages (essais, poésies, récits et proses), Marc Blanchet, présente son travail photographique depuis 2007. Sa dimension photo-textuelle se décline en expositions et publications. Après Zwischen Berlin, neuf “fototext” (2019-2021).

And Also The Trees (« et aussi les arbres ») propose une approche photo-textuelle du paysage dans laquelle l’arbre est autant modèle que sentinelle, dans sa propre solitude ou dans une solitude rassemblée : la forêt. Souvent prises dans la vitesse, au crépuscule ou de nuit, ces photographies inscrivent des diffractions où la notion de composition s’avère essentielle. Écritures photographique et littéraire se côtoient ou se disjoignent pour penser le paysage, dans ses mystères, ses ruptures, son opacité — parfois son silence.

Pour Blan­chet, l’arbre nous arrache à nous-mêmes. Son injonc­tion silen­cieuse est le seul recours quand on vou­drait tou­jours être en son centre, il est le coeur de ce qu’on res­sent. L’élan vital et le refuge. “ Venez dans mon royaume dit l’arbre ” disait déjà Guille­vic.
Celui-là reste le temps qui n’en finit pas de s’incarner. Il est la source à laquelle s’abreuvent toutes les feuilles de la vie.

Nous entrons en la vibra­tion de l’arbre. Par­fois‚ il reste un corps loin­tain nous en sommes sépa­rés.
Par­fois, il devient la sil­houette d’attente tout en res­tant les rem­part d’un monde premier.

And Also The Trees, Marc Blanchet, Immanences éditions 

Rédaction : Paloma Faugère

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Divine, Delphine Diallo

Divine est un cadeau de la photographe Delphine Diallo, aux femmes et au portrait, un livre de photographies comme une offrande aux sujets anoblis qui figurent dans son travail.  Un voyage photographique puissant à travers le portrait et le collage de la photographe franco-sénégalaise Delphine Diallo. Delphine utilise la mythologie traditionnelle et les symboles spirituels pour donner du pouvoir à ses sujets. Elle pense que les femmes sont des êtres profonds et se connecte avec elles à un niveau émotionnel. Ses images sont destinées à encourager chaque femme à écrire un récit personnel, à prendre position, à avoir une voix. Delphine s’immerge dans l’univers féminin et sa technique de portrait éloquente dévoile et suscite des émotions inexplorées et une perspicacité qui vont au-delà des apparences.

Publié aux éditions Hat & Beard Press, Divine, le nouveau livre de Delphine Diallo regroupe ses portraits les plus iconiques. Un objet réaffirmant la volonté de la photographe de capturer, avec force et dignité, les femmes noires.

Depuis ses débuts, en tant qu’assistante de Peter Beard en 2009 au Botswana, l’artiste franco-sénégalaise ne cesse d’évoluer, de métamorphoser son travail, représentant ainsi les multiples nuances de ses thèmes de prédilections : le corps, l’Afrique, l’histoire, la spiritualité, ou encore le féminin.

Divisé en chapitres, chacun abordant une nouvelle représentation, une nouvelle écriture du corps et de l’énergie des femmes – l’ouvrage dévoile son goût pour l’hybridation des arts (photographie, peinture, collages…), pour l’anthropologie, mais aussi pour les arts martiaux et la force palpable qui s’en dégage. « La photographie est l’accès direct à mon âme… et la connexion à celles des autres », écrit l’autrice sur les pages du livre. Comme un leitmotiv, ce pouvoir qu’elle associe au médium donne à chaque image une aura particulière, qui nous happe et nous plonge dans son univers.

La photographe entend, à travers sa création, déconstruire un regard aveuglé par les clichés, et aborder des notions qu’elle défend avec ardeur depuis le début de sa carrière : la représentation des femmes noires dans notre société, et leur corps, soumis à la domination. 

« Tant de femmes luttent pour comprendre ce qu’elles incarnent. La grande crise à laquelle les femmes sont confrontées aujourd’hui ? Ne pas connaître leur archétype. Et mon but est de le découvrir (…) Je ne cherche pas seulement à être un artiste et une photographe. Je veux aller vers une compréhension plus profonde de ma vision. Le chemin de la libération spirituelle est jalonné d’obstacles à franchir. Surmonter la peur et en comprendre l’essence est peut-être la plus grande et la plus importante des tâches à venir » , confie Delphine Diallo, et en défiant les normes, en allant chercher dans le passé des traces éternelles qu’elle offre à notre présent, l’autrice accède à une pleine conscience. Un état serein qu’elle partage avec ses sujets et qu’elle nous offre en images – comme une manière de rendre visible l’invisible, pour mieux comprendre les variations du monde.

 

Divine, Delphine Diallo, Hat & Beard Press édition 

Rédaction : Paloma Faugère

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Terre & Territoire #1, « Les Doutes », Arno Brignon

Terre & Territoire est une résidence de création photographique, une invitation à voyager sur un territoire de la Région Centre-Val de Loire au Perche Vendômois en passant par la Beauce. Chaque année, Valimage et Zone i accompagnent la production de ce travail et les expositions entre les villages de Tavers et de Thoré-la-Rochette, dans le Loiret et le Loir-et-Cher.

Ce livre est la première restitution du travail de résidence de Terres & Territoires, créé par Zone I, Monica Santos, Mat Jacob. Arno Brignon ouvre la voie par un travail de pionnier, afin d’ancrer cette aventure de l’Ouest français, dans une volonté d’investigation sociale, politique, artistique. Les paysages mortifiés de l’agriculture industrielle de la petite Beauce sont un point de départ pour approcher le double statut du photographe enquêteur, dans une démarche ouverte et contradictoire.Le livre conséquent et beau, est fait de la confrontation des idées et des pratiques, des lois qui conditionnent la vie sur ce territoire.

Arno Brignon né en 1976 à Paris, résident à Toulouse et diplômé de l’Etpa (école de photographie à Toulouse). Il quitte son métier d’éducateur dans les quartiers sensibles pour se consacrer entièrement à la photographie. Il articule alors son travail entre résidences, exposition, enseignement et recherches personnelles. Il travaille également pour la presse et rejoint l’agence Signatures, Maison de photographes en 2013.

Pour ce premier opus, Arno Brignon a ouvert la voie, a marché pour relier les deux espaces de la résidence Terre et Territoires. De Tavers et Thoré la Rochette, il a photographié, il a arpenté les paysages désertés de la Beauce puis les sous-bois du Perche Vendômois. Il a sillonné un terrain rural, habité, exploité, déserté. Arno a choisi de travailler avec des films argentiques périmés, de laisser faire une chimie aléatoire, de laisser libre résultat, de perdre le contrôle. Un peu comme nous tous sur cette planète au devenir flou. Nous voyageons alors dans une sorte de Road trip intemporel et le paysage semble atomisé de couleurs surnaturelles.

Sur sa route, il a croisé les femmes et les hommes qui travaillent, qui vivent ici entre la Loire et le Loir, entre le fleuve majestueux et une rivière discrète et mystérieuse. De ces rencontres, il a rapporté un récit écrit humain qui évoque un monde en mutation, qui tente de comprendre ce qu’est l’exploitation de la terre par l’homme, l’écologie, le « vivre ici ». Cette mutation, il nous la livre en image à travers une technique photographique affirmée, avec ces films périmés et un appareil amateur obsolète.

“J’en ai de toutes les marques, dont un bon nombre disparues depuis longtemps : Fuji, Kodak, Agfa, Konika, Photoservice, Auchan, et certaines, même, que je n’ai jamais vues. Idem, concernant les procédés, en plus de la diapo et du négatif classique, je me retrouve avec des films E4 ou Kodachrome dont je ne sais si je pourrais obtenir quelque chose. Après tout, je me suis souvent dit que les meilleures photos étaient des occasions ratées, ou d’heureux hasards. Cette perte de contrôle me plaît, de toute façon ; chercher à tout maîtriser ne donne jamais de bons résultats,…”

C’est un livre de photographe comme on en voit peu, mais laissons place à l’expérience du paysage tel qu’il est vécu lors de ses déplacements, dans une topographie de la nudité et de l’effort, de la présence et de l’intensité poétique, sans sidération, traité dans une montée progressive de certaines images qui font photographies et qui s’imposent au corps du photographe. Il y a là comme un passage, un seuil, un système du réalisme magnétique.

 Terre & Territoire #1, « Les Doutes », Arno Brignon, Filigranes éditions

Pour plus d’information : https://www.filigranes.com/livre/terre-territoires-1/ 

Rédaction : Paloma Faugère

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Ecrire avec le soleil, Sandrine Marc 13/10

Tout commence par un petit trou dans une porte, qui laisse passer un rayon de lumière… Aristote remarque que les images se projettent à l’envers sur le mur, découvrant le principe de la caméra obscura. C’est par ce point lumineux que débute l’aventure du regard photographique. Et c’est l’origine de la ligne temporelle qui lie les trois corpus d’images de Sandrine Marc dans les prémices des expérimentations optiques.

« Ecrire avec le soleil » est un livre d’artiste conçu par Sandrine Marc pour restituer le travail réalisé pendant sa résidence de recherche et création au musée Nicéphore Niepce de Chalon-sur-Saône. La séquence d’images explore les manifestations physiques de la lumière et pose un regard sur les supports d’enregistrement  de médium photographique depuis son invention, de l’argentique au numérique.

Durant des semaines elle explore les collections du musée, fasciné par l’histoire du médium et sa reproduction. Lors de son exploration scientifique et artistique, elle a ainsi recueilli un grand nombre de documents d’archives, complétés par des indices glanés au cours de ses promenades alentour et dans sa propre mémoire visuelle. Photographiant, collectant des images et des gravures, elle élabore une relecture personnelle et sensible de l’histoire de la photographie composée d’expérimentations en tout genre et de support variés auxquels près de cents ans de la photographie ont donné naissance.

Sandrine Marc utilise la photographie comme un outil d’enquête, un prétexte pour aller voir dehors et faire des rencontres. Elle saisit des « éclats de réel », des situations ténues, des agencements éphémères. L’architecture, le végétal, les états de surface composent un corpus qu’elle nourrit quotidiennement. Elle s’intéresse à la transformation de l’espace, aux interstices, aux gestes d’appropriation et de soin.

Pour activer ses images, elle conçoit des outils : objets imprimés et films projetés. Le montage est la condition pour donner à voir les fragments qu’elle collectionne. Elle utilise différents procédés de reproduction, sa recherche interroge les conditions de diffusion et de partage de l’image fixe. En 2021 elle est lauréate de la résidence de recherche et création du musée Nicéphore Niepce.

Accompagné d’un texte de Magali Nachtergael, l’ouvrage à la reliure cousue, se place comme une expérimentation poétique sur les conditions d’apparition, de conservation et de diffusion des images. C’est un regard dans le temps long de la photographie …

 

Ecrire avec le soleil, Sandrine Marc, publié aux éditions Hodos

Livre sélectionné pour le prix « révélation artist’s book award »

Pour plus d’information : https://lebalbooks.com/ecrire-avec-le-soleil

Rédaction : Paloma Faugère

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 Dominique Clerc, auteur photographe, nous présente onze série d’images associant deux termes tels que “Fictions” et “Sociales”. Il questionne ici notre point de vue sur l’état du monde, et nous offre l’occasion de mieux nous rendre compte de notre condition, avec l’infime décalage que ses images nous proposent sur le présent. Comme si chaque cliché devenait l’occasion de découvrir les conditions d’existence, les mœurs ou l’environnement dans lesquels évolue une société, tout en ayant l’opportunité de la scruter avec un peu de recul, de liberté et de créativité. Non pas au sens de raconter une histoire mais plutôt de donner un corps pictural aux questions de notre époque.

Il nous rappelle alors, qu’au-delà de sa valeur sociale, la photographie peut se considérer comme un art à part entière mais aussi comme une fiction recourant à des “retouches” et des “trucages”. Soit un ensemble “d’artifice” qui, chez Dominique Clerc, vont du photomontage à la mise en scène effectuée en post production. Il explique qu’avec le montage et la retouche numérique au centre des nouvelles pratiques, les photographes, explorant des voies multiples, se sont appropriés les récentes technologies comme un nouveau langage. 

De ce fait, on ne parle plus tout à fait de photographie sociale mais plutôt de fictions sociales.

Certaines de ses images dénoncent le consensus d’une société basée sur le contrôle, la surveillance et la marchandisation de l’information. Il veut prouver notre inconscience face aux nouvelles technologies qui s’attaquent aux idéaux de liberté. D’autres images témoignent du conservatisme ou encore du voyage tel un produit que l’on achète. Il dénonce un société rétrécie et polluée par l’individualisme. Il se projette dans un futur proche et nous démontre que notre société nous conduit à un aveuglement progressif et nous rend perméables aux illusions d’optique et donc à toutes les propagandes.

On retrouve dans sa préface des grands noms, tels que le sociologue allemand Siegfried Kracauer, les philosophes Roland Barthes, Karl Marx et Henri Bergson, les photographes et artistes André Rouillé, Edmond Couchot et Henri Cartier Bresson mais également la politologue Hannah Arendt. Dont les paroles, écrits et travaux artistiques se prêtent à une concordance ou dans le cas inverse à un débat sur le travail de Dominique Clerc.

Il introduit chaque séries avec des textes captivants qui nous poussent à nous questionner. En s’aventurant sur le terrain de la fiction, sa photographie se veut prospective, elle nous fait quitter le temps présent pour regarder vers le futur.

Sociales Fictions, Dominique Clerc, autopublié

Pour plus d’informations : https://dominiqueclerc.com/textes

Rédaction : Paloma Faugère

   La photographe estonienne Annika Haas nous emmène ici au cœur d’une des communautés les plus mystérieuses et méconnues du pays : la communauté gitane. Guidée par son intérêt pour les minorités sociales et culturelles, c’est naturellement que la photographe, connue pour son travail documentaire et de portraits, s’est tournée vers la communauté gitane. 

Fascinée par la capacité de certains groupes marginaux à vivre selon leurs propres règles, Annika Haas a observé que cette marginalité donne aux habitants de ces communautés une apparence reconnaissable qui appelle à être photographiée.

En autorisant la capture de portraits plus ou moins intimes, et en confiant aux enfants des appareils photos pour immortaliser le quotidien, cette communauté a pu opérer une “auto-réflexion” sur sa vie et l’offrir à la photographe et au public. Cela permet aussi une remise en cause des préjugés qui ont pu être établis concernant la communauté gitane, qui a été discriminée et qui est encore parfois aujourd’hui traitée avec méfiance et suspicion par le public, qui ne connaît pas ses traditions et son mode de vie. 

Cette série de portraits plus ou moins intimes dans le quotidien des gitans représente le plus grand fonds photographique sur cette “minuscule nation” exclue de la société qui s’est installée en Estonie pour des raisons que seule ses membres connaissent… 

Il peut être intéressant d’étudier ce travail sur la communauté gitane estonienne en parallèle avec le travail des femmes de la communauté gitane de Berriac, qui ont réalisé le livre Esperem ! avec la photographe Hortense Soichet et le GRAPh (voir l’article sur cet ouvrage ci-dessous). De plus, gardez en tête le nom d’Annika Haas, que vous aurez peut être l’occasion de rencontrer lors de l’édition 2022 du festival Fictions Documentaires à Carcassonne !  

We, the Roma, Annika Haas, autopublié
Pour plus d’informations : https://www.annikahaas.com/gypsies-in-estonia/  

Rédaction : Justine Le Floch    

  Prolongement du site web “Tous les jours curieux”, la Revue LIKE est une revue trimestrielle dédiée à la photographie et initiée à l’été 2020. Son huitième numéro, paru au printemps 2022, couvre globalement le thème des photoreporters de guerre, du Viêt Nam aux actualités de la guerre en Ukraine.     

Si l’idée d’une exposition consacrée aux photoreporters de guerre avait émergé entre le directeur de la rédaction et le Musée de la Guerre à Paris, ce sujet semble avoir pris tout son sens lorsque le conflit en Ukraine a éclaté en février. C’est dans ce contexte que la rédaction de LIKE est partie à la rencontre de sept photoreporters, revenant sur leur engagement dans des conflits qui les ont forgés au fil des années et de l’importance de leur travail car “pas de photo, pas d’image : pas de guerre”. Et c’est justement du pouvoir de l’image dont il est question ici, tandis que nous découvrons tous les jours avec plus d’effroi la violence des images issues des rues ukrainiennes bombardées, jonchées de gravats et de corps, les mains liées derrière le dos ou encore à cheval sur leur vélo. 

Ici, les photoreporters racontent l’importance de leur présence, mais ils rappellent également que ce n’est pas une mission à prendre à la légère et déplorent parfois la présence de photographes ou journalistes débutants, qui ne semblent pas prendre conscience des véritables risques de la guerre, ayant peut-être romantisé les oeuvre de Capa ou de Stanley Greene.

Des récits captivants qui nous plongent au cœur de ce métier à risque, si important dans notre monde où l’image est omniprésente et aide ainsi à montrer au reste du monde les “mouvements irrationnels de notre humanité”.   

Photoreporters de Guerre, Revue Like N°8, chez “Tous les jours curieux”.
Pour plus d’informations : https://www.touslesjourscurieux.fr/jachete-la-revue-like/ – 1 numéro 9.90€, 4 numéros 30€
Découvrez les autres numéros de la Revue Like :
N°1 été 2020 “Les Français par Yan Morvan et Eric Bouvet”
N°2 automne 2020 “Spécial beaux livres photos”
N°3 hiver 2020  “Le photojournalisme en question”
N°4 printemps 2021  “Le jour où tout a failli basculer”
N°5 été 2021 “Plein soleil sur la photo”
N°6 automne 2021 “Claude Gassian Rock&Photo”
N°7 hiver 2021 “Martin Parr & Anonymous Project”

 Rédaction : Justine Le Floch   

 Suite à la révolution de février 2014 en Ukraine, Émeric Lhuisset s’est rendu dans les rues de Kiev, plus précisément sur la place Maydan, lieu de manifestations pro-européennes et anti-gouvernementales.   

C’est là que l’artiste a réalisé une série de cent portraits de la population ukrainienne, car “alors que le gouvernement de Yanoukovitch vient de tomber, que le président est en fuite […], pendant un très court instant, le pouvoir est entièrement au peuple”. Ces cent portraits font face à une page écrite : les réponses manuscrites de chaque participant à deux questions systématiques : 

Qu’aimeriez-vous qu’il se passe maintenant ? 

Que pensez-vous qu’il va se passer ? 

Étrangement, ces questions et leurs réponses qui s’inscrivent dans ce moment de révolution en 2014, dans un contexte de fatigue du peuple ukrainien de l’emprise de la Russie sur leur pays, semblent prendre d’autant plus de sens dans le contexte actuel. En effet, huit ans plus tard, le 24 février 2022, la Russie a envahi l’Ukraine, sur ordres du président russe Vladimir Poutine. 

Ainsi, si en 2014, un ukrainien estime que “tout est entre les mains de Poutine, s’il ne s’arrête pas, nous aurons une guerre à grande échelle avec la Russie”, la situation semble n’avoir évolué que pour le pire.  

Et les messages d’espoir se répètent et résonnent avec le conflit frappant l’Ukraine aujourd’hui  : “je veux que la guerre se termine”, “je veux que la paix et le calme soient établis dans notre pays”, “je pense que nous allons gagner, […] nous allons tenir jusqu’au bout”.

Ce portrait collectif que nous proposait Émeric Lhuisset en 2014 et dont le but était de “laisser une trace de ces jours d’insurrection et d’espérance” devient donc une oeuvre intemporelle, qui permet de sensibiliser le public et de rappeler que le peuple ukrainien se bat et espère depuis longtemps plus de stabilité, de démocratie et de paix dans leur pays. 

Maydan – Hundred Portraits de Emeric Lhuisset, Editions André Frère
Pour plus d’informations :  https://www.andrefrereditions.com/livres/photographie/maydan-hundred-portraits/

 Rédaction : Justine Le Floch   

 C’est sous la forme d’une bande dessinée que JD Morvan et Tristan Fillaire ont décidé de traiter de la vie de Stanley Greene, l’un des photoreporters les plus importants de l’après Guerre Froide. Ce récit graphique, entrecoupé par des clichés et planches contacts de l’artiste, retrace les expériences marquantes de sa vie : de son enfance à Brooklyn, aux Black Panthers et à sa rencontre avec Eugene Smith puis son déménagement à Paris, nous suivons le cheminement du photographe.   

Il raconte notamment comment sa présence lors de l’effondrement du Mur de Berlin, le 9 novembre 1989 le marquera à jamais, influant sur sa façon de percevoir le monde et son travail en tant que photographe. Désormais, il poursuivra un nouveau type de photojournalisme, orienté vers la représentation du déclin de l’union soviétique et du communisme. Le personnage de Stanley Greene mène également une réflexion sur la mort, sujet ubiquitaire dans son œuvre, mais aussi sur sa propre mort qu’il a vu venir en faisant le choix de ne pas traiter son hépatite C qui lui a été diagnostiquée en 2007.

Y sont également mentionnées des personnes que l’artiste a rencontrées et admirées au cours de sa vie. Parmi elles se trouve la photographe américaine Heidi Bradner, une militaire tchétchène se battant pour l’indépendance de son pays ou encore le journaliste français Alain Dister. C’est en interagissant avec de telles personnes, militants, photographes ou journalistes et en les considérant comme des “partenaires” que Stanley Greene co-fondera l’Agence Noor en 2007.

Au-delà d’un ouvrage biographique de la vie et du parcours photographique de Stanley Greene, cette BD nous plonge dans son univers qui l’ont poussé à mener un mode de vie intense et passionné.

Stanley Greene, Une vie à vif de JD Morvan et Tristan Fillaire, Editions Delcourt
Pour plus d’informations : https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-stanley-greene-une-vie-vif/album-stanley-greene-une-vie-vif

 Rédaction : Justine Le Floch   

 Pour répondre, à sa manière, à une lettre de rupture, Sophie Calle ne s’est pas contentée d’employer des procédés ordinaires : l’artiste a demandé à plus de cent femmes, choisies pour leur profession, de répondre, à leur manière, à cette lettre. Il en résulte un recueil de réponses, émanant d’une avocate, une journaliste, une juge, une dessinatrice, une musicienne, une psychiatre, mais aussi une voyante, une traductrice en langage SMS, une mère, une comptable, une cruciverbiste, une officier DGSE, pour n’en citer que certaines, comme une réponse multiple à ce message auquel Sophie Calle n’a pas su répondre elle-même.     

Dans cet ouvrage, intitulé “Prenez Soin de Vous”, reprenant la “phrase finale, assassine” de la lettre de rupture, les fiches techniques et les courriers artistiques s’entremêlent, aux poèmes et illustrations succèdent des fiches de compte, rapports juridiques et comptes rendu médicaux, accompagnés de portraits photographiques des protagonistes.

Sophie Calle a trouvé dans ces témoignages et analyses un moyen de prendre une distance avec la lettre et de se désapproprier son contenu. Elle a cherché à ce que ces femmes “comprennent pour elle”, “parlent à sa place”, afin de prendre son temps. C’est en faisant indirectement le procès du texte comme de son auteur que l’artiste a trouvé le moyen d’y répondre au mieux afin de prendre soin d’elle-même. Un recueil surprenant à découvrir sans attendre et à la fin duquel vous pourrez peut-être apporter votre propre interprétation à cette affaire…

Prenez Soin de Vous de Sophie Calle, Editions Actes Sud
Pour plus d’informations : https://www.actes-sud.fr/node/11257

 Rédaction : Justine Le Floch   

 Esperem ! est une invitation à entrer dans l’intimité de la communauté gitane établie à la Cité de l’Espérance, à Berriac, depuis la fin des années 1960. Réalisé dans le cadre d’une résidence de l’artiste Hortense Soichet au GRAPh-CMi, cet ouvrage s’inscrit dans un processus initié il y a plus de vingt ans. En effet, c’est dans le cadre d’un atelier photographique au sein du GRAPh qui leur est dédié que les femmes gitanes ont émis le souhait de réaliser des photographies de leur cadre de vie et de ceux qui peuplent aujourd’hui encore la Cité de l’Espérance.   

Par des portraits de leurs familles et autres habitants de la Cité, des photographies de leurs intérieurs et de leur environnement, ces femmes ont retranscrit ce qu’elles n’arrivaient pas ou ne pouvaient pas mettre en mots. C’est ainsi qu’elles ont voulu, au temps où la tradition orale vient à s’effacer dans la culture gitane, transmettre leur patrimoine et des traces de leurs racines aux générations futures.

Ce travail documentaire au sein de cette communauté gitane a non seulement permis à ces femmes de transmettre une trace de leur mode de vie aux générations futures, mais également de témoigner du mode de vie gitan de nos jours. Car c’est aussi le moyen de dénoncer certains clichés sur leur communauté, qui est fondée sur des liens familiaux forts et repose sur des valeurs humaines, telles que l’entraide et la solidarité.

En s’adonnant à une forme d’autoportrait, qui devient une anthropologie de leur communauté, les femmes gitanes rendent compte d’une image contemporaine de cette cité pérenne qui était censée n’être que temporaire. Et c’est en croisant leurs regards, issus de plusieurs générations, que nous découvrons dans cet ouvrage une vision actuelle des traditions gitanes.

Esperem ! Image d’un Monde en Soi de Hortense Soichet & des femmes gitanes de la Cité de l’Espérance, Creaphis Editions
Pour plus d’informations : https://www.graph-cmi.org/atelier-photographique-des-femmes-gitanes-de-berriac/

 Rédaction : Justine Le Floch   

 En 2015, Charles Delcourt entend pour la première fois le récit de l’île d’Eigg. Intrigué, c’est en s’y rendant qu’il tombera amoureux, comme un coup de foudre, avec cette île, ses habitants et leur mode de vie.     

D’apparence typiquement écossaise, avec ses paysages majestueux et sa lumière dramatique, l’île d’Eigg possède cependant un statut un peu particulier car, en 1997, ses habitants ont fait le pari fou de la racheter. En devenant ainsi propriétaire de leur île, ils ont ensuite entrepris d’y mener un mode de vie unique, propice à la vie insulaire en atteignant progressivement une autonomie complète grâce à des ressources durables (hydroélectrique, éolien et solaire). Ils y ont également forgé une véritable communauté, qui s’entraide, partage des tasses de thé durant les longs hivers, le tout au cœur de la culture gaélique traditionnelle.  

Charles Delcourt dépeint cette histoire en dressant des tableaux colorés, rendant hommages aux habitants et à leur île, aux éléments, aux paysages, accompagné par les textes de Camille Dressler, historienne et activiste qui raconte son expérience et sa vie sur l’île d’Eigg depuis plus de 40 ans.  

Ce livre est une ode à cette île et à ses habitants, qui sont présentés dans toute la beauté de la figure humaine, en harmonie avec la puissance des éléments. Mais c’est aussi un mode de vie alternatif engagé que Charles Delcourt nous fait découvrir ici, invitant le spectateur à se questionner en démontrant que, même à petite échelle, il est possible de vivre autrement. 

Isle of Eigg de Charles Delcourt, Editions Light Motiv
Pour plus d’informations : https://editionslightmotiv.com/produit/isle-of-eigg/ 

 Rédaction : Justine Le Floch   

 En 2013, Laura Lafon se rend, avec son ami et amant, Martin Gallone, au Kurdistan Turc afin de questionner “qu’est-ce que l’amour ?”. C’est dans un environnement hostile que ce duo, qui n’est pas un “vrai couple” a cherché des réponses, mais où la question qu’on leur rétorquait le plus souvent était “pourquoi n’êtes-vous pas mariés ?”. En effet, ils se sont rapidement trouvés confrontés “aux interdits culturels, l’espace public, le mélange des genres, les traditions assommantes”.    

Ainsi, Laura Lafon se met en scène avec Martin Gallone, dans l’intimité ou dans l’espace public, suscitant des réactions plus ou moins vives chez la population kurde, pour laquelle s’embrasser en public reste très tabou. Ces clichés, qui alternent avec des paysages, des portraits et des détails de la culture kurde, prennent tout leur sens par la présence du journal de bord de l’artiste et de témoignages.

Ces textes abordent des questions “qui fâchent”, dans un pays où “vous pourriez même mourir de ne pas former un vrai couple”. Notamment, ils questionnent la place de l’amour dans la société kurde, mais aussi celle de la religion et des traditions, qui pèsent sur les relations intimes et amoureuses. En effet, Laura Lafon n’a pas choisi de se mettre en scène au Kurdistan Turc au hasard. Dans ce pays “des utopies mal digérées, des révolutionnaires en mal de réalité, des cafés anarchistes où les tabous persévèrent malgré les discours”, Laura et Martin incarnent un “couple libertaire”, le “fantasme de [leur] puissance culturelle” occidentale. Cependant, comme Philippe Azoury le note en postface, la jeunesse kurde n’aime pas moins, ou moins fort, “ils ont juste moins d’espace pour le dire et pour le faire”.

You Could Even Die For Not Being a Real Couple de Laura Lafon, livre auto-édité
Pour plus d’informations : https://lauralafon.com/you-could-even-die-for-not-being-a-real-couple

 Rédaction : Justine Le Floch   

 Premier artiste à avoir fait confiance à la jeune maison d’édition Dunes Editions, Elliott Verdier a donné naissance à un véritable livre d’art. En effets, des photographies couleurs donnent place à des photographies noir et blanc irisées d’argent, entrecoupées par des textes sur un papier semi-transparent. La beauté de l’objet tranche ainsi terriblement avec la violence et la tragédie du sujet traité dans cet ouvrage.  

Reaching for Dawn est un reportage traitant de l’après-guerre civile qui a ensanglanté le Libéria de 1989 à 2003. Bien que le Libéria ait été le premier pays du continent africain à avoir obtenu son indépendance des Etats-Unis en 1847, il est aujourd’hui empli de traumatismes et de non-dits qui empêchent les habitants de faire le deuil des atrocités de la guerre.

Reaching for Dawn – “Atteindre l’aube” en français, est un témoignage de la détresse du peuple Libérien pour briser le silence qui l’entoure depuis la guerre-civile. C’est un témoignage de sa demande à la Cour Internationale Pénale d’intervenir pour rétablir la justice et enfin, la paix.

L’aube tarde à venir car le silence et l’impunité, ces venins d’une même morsure, empoisonnent le présent et perpétuent le traumatisme”, déclare Gaël Faye, auteur-compositeur-interprète en avant-propos de Reaching for Dawn. Et c’est ce silence qu’Elliott Verdier a entrepris de représenter dans son œuvre.

Reaching for Dawn d’Elliott Verdier, Dunes Editions
Pour plus d’informations :
https://fr.dunes-editions.com/product-page/r-e-a-c-h-i-n-g-f-o-r-d-a-w-n
https://www.fisheyemagazine.fr/rdv/cest-dans-le-mag/terre-promise-et-compromise/ 

 Rédaction : Justine Le Floch

 Peter Helles Eriksen, Sara Galbiati et Tobias Selnaes Markussen ont mené une enquête photographique qui questionne un phénomène contesté, parfois dénoncé comme une “histoire commercialement rentable”, une “illusion” ou encore un  “mythe religieux” : le phénomène des OVNIs.     

Phenomena est le fruit de cette investigation qui s’est déroulée dans les États américains de l’Arizona, du Nevada et du Nouveau-Mexique, hauts-lieux d’observations d’OVNIs, là où le plus grand nombre de témoignages visuels de tels phénomènes ont été rapportés. 

Ainsi, en prenant un point de vue anthropologique qui se veut neutre, les trois photographes sont partis  à la rencontre de témoins ou de vestiges corroborant l’existence du non-expliqué, de l’extra-terrestre, tout en interrogeant le besoin de l’homme d’interpréter l’absence de sens.  

Des images de ces lieux, remplis de détails rappelant l’existence potentielle d’une vie extraterrestre, alternent avec des portraits de témoins qui racontent ce qu’ils ont vu, entrecoupés par des paysages lunaires ou encore d’indices qui pourraient confirmer cette présence extraordinaire. 

Phenomena, de Peter Helles Eriksen, Sara Galbiati et Tobias Selnaes Markussen aux éditions André Frère.
Pour plus d’informations : https://www.andrefrereditions.com/livres/photographie/phenomena/ 

 Rédaction : Justine Le Floch

 

(c)GRAPh-CMi

 In God We Trust est un reportage photographique produit par Cyril Abad présentant différentes « excentricités » de la foi aux États-Unis.  

Issu dune famille catholique non pratiquante et intrigué par la question religieuse, Cyril Abad a parcouru les Etats Unis afin de photographier et de nous présenter, à travers une série de 7 reportages photographiques, les modes de pratique de la foi les plus uniques du pays.

Nous découvrons ces différentes pratiques religieuses, allant de la mobilité des croyants (« Drive-in Church »), du prêcheur (« Cross Bike ») ou de l’église elle-même (« Tiny Mobile Church »). Des images plus surprenantes les unes que les autres nous guident jusqu’à la « Naked Church », où des naturistes se retrouvent en communauté pour loffice et pour se recueillir. 

Cyril Abad crée également un parallèle entre le marketing et la religion aux Etats-Unis, en démontrant comment la foi peut être une source de profit. Cela se fait notamment sous la forme de shows à laméricaine, par le biais de parc dattractions à thématique catholique (« Holy Land ») ou de la doctrine créationniste (« Ark Encounter »), jusqu’à encourager les non-croyants à franchir le porche dune église en se rendant à la « Seacoast Church », une église non confessionnelle.  

In God We Trust apparaît donc comme un recueil de reportages surprenants, dans lequel le réalisme des photos jure avec lexcentricité des thématiques abordées, délivrant ainsi un panorama de « l’offre religieuse » aux Etats-Unis, selon la vision personnelle de Cyril Abad.   

In God We Trust de Cyril Abad, co-édité par Pyramid éditions et Revelatoer. 

Pour plus d’informations: https://pyramyd-editions.com/products/offre-de-souscription-in-god-we-trust 

 Rédaction : Justine Le Floch

 

(c)GRAPh-CMi

 Aurore Colbert est une série de l’artiste Marie Mons qui nous entraîne dans l’univers mystique d’un alter ego fictif que l’artiste s’est découvert au cœur d’un village islandais où elle vécu pendant trois mois à l’hiver 2016.

Ce voyage apparaît pour Marie Mons comme un échappatoire à sa vie parisienne, et elle nous raconte comment elle s’est sentie renaître sous l’identité d’Aurore Colbert dès son arrivée dans le village de Seyðisfjörður.

A travers ce récit photographique, Marie Mons se mets en scène, accompagnée par les habitants de ce village comme des “acteurs de ce théâtre d’expérimentation”. Portraits et paysages polaires sont entrecoupés par une réflexion introspective de l’artiste, auxquels s’ajoutent des extraits de correspondances avec les personnes qui ont interagis avec Aurore Colbert. Cette dernière semble fascinée par la lumière, mais également fascinante pour les personnes qui l’auront rencontrée. L’univers d’Aurore Colbert apparaît dans une alternance de paysages diurnes et nocturnes, renvoyant des atmosphères tantôt lumineuses, tantôt angoissantes, mais toujours mystérieuses

Aurore Colbert de Marie Mons aux éditions ARP2.

Pour plus d’informations : https://mariemons.cargo.site/Aurore-Colbert 

 Rédaction : Justine Le Floch

(c)GRAPh-CMi

Dans Pigalle People, la photographe Jane Evelyne Atwood nous raconte la vie des femmes transgenres du quartier Pigalle, qu’elle avait documenté dans les années 1978-1979.

Dans les portraits en noir et blanc de Jane Evelyn Atwood, on découvre des personnages complexes, qui évoluent dans un univers souvent dur, plein de violence, de drogue, mais aussi d’amour, d’amitié et de rire. Elle témoigne dans ce livre de la vie des personnes transgenres qui résidaient et travaillaient dans le quartier Pigalle en 1978-1979, mais aussi de tous les gens qui les connaissaient et les côtoyaient. C’est un Pigalle d’avant que la photographe documente, avant les années 80 et l’épidémie de SIDA dans la communauté queer, avant la violence des skinheads, la pénalisation du travail du sexe sur la voie publique, … qui ont complètement changé l’essence de ce quartier.

La photographe nous livre, trente ans après, presque deux ans de sa vie auprès de ces femmes. Laissées en marge de la société, elles regardent pourtant fièrement la caméra en face et sont montrées pleines de dignité dans le regard de Jane Evelyne Atwood. Le récit qui accompagne les photos est un témoignage fort de leur vie, et pointe du doigt toute la violence physique et psychologique que cette communauté a subi (et subit toujours), et la force que ces personnes ont dû déployer pour s’en sortir.

Ce livre fait partie de la dotation du Ministère de la Culture aux centres d’art contemporains dont le GRAPh-CMi a bénéficié, dans le cadre du plan d’aide d’urgence aux éditeurs.

Pigalle People de Jane Evelyn Atwwod aux éditions Le Bec en l’air.
Pour plus d’informations : https://www.becair.com/produit/pigalle-people-1978-1979/

 Rédaction : Amélie Launay

(c)GRAPh-CMi

Aujourd’hui on vous présente quatre artistes du livre Africa 21ème siècle : Photographie contemporaine africaine. Ce livre rassemble le travail de 51 photographes contemporain.es qui abordent les identités complexes et multiples des populations du continent africain en quatre thématiques, accompagné des textes d’Ekow Eshun.

On découvre dans la première thématique Villes hybrides le travail de Kader Attia, photographe franco-algérien. Il nous montre une plage d’Alger recouverte de « Rochers carrés », énormes blocs de bétons où les jeunes se retrouvent et restent des heures à observer le passage des bateaux sur la mer Méditerranée. Attia a voulu retranscrire dans ses images cette idée de frontière et ce besoin d’ailleurs, de vie meilleure que ressentent ces jeunes assis sur les blocs. On peut y voir aussi un parallèle avec les blocs de bétons que sont les cités en France, et où les jeunes français issus de l’immigration ont souvent les mêmes envies d’ailleurs que ces jeunes algériens posés sur les “rochers”. 

Dans Zones de liberté, la photographe nigérienne Yagazie Emezi nous parle d’une autre réalité : celle de la fétichisation du corps noir à travers l’histoire et qui est toujours présente aujourd’hui. Avec sa série Consommation du modèle noir, elle met en scène des personnes noires avec des fruits et légumes, à la manière des natures mortes. Elle dénonce ainsi le regard occidental et fétichisant que subissent les personnes africaines et afro-descendantes sur leur corps et questionne la théâtralisation des corps par les photographes, qui nourrit d’autant plus les clichés occidentaux.

Mythes et mémoires, la troisième thématique de ce livre, aborde notamment la spiritualité et la place que tient le continent dans le récit historique mondial. Shiraz Bayjoo, originaire de l’Ile Maurice, a travaillé sur ce dernier point grâce à un album de famille qu’il a retrouvé, appartenant à un riche propriétaire du XIXème. Sa série En famille porte un regard sur les personnes les moins considérées de l’époque : les domestiques. Autrefois rayé.es de l’Histoire, l’artiste a cherché à réparer cette violence en leur redonnant une place en tant qu’individu à part entière et un récit.

Pour la dernière thématique, Paysages intérieurs, c’est le projet Les Marocains de Leïla Alaoui, artiste franco-marocaine que j’ai choisi de vous présenter. En déplaçant son studio mobile de marché en marché au Maroc, Alaoui gagne la confiance des locaux et réussit à prendre le portrait de  la diversité culturelle du pays et ses différents us et coutumes qui s’entrechoquent. Elle utilise de la lumière artificielle et des fonds noirs, ce qui permet de concentrer son regard sur les vêtements et attitudes de ses sujets : l’univers de la photographie de mode croise celui de la photographie documentaire, dans un style unique qui fait honneur à cette richesse culturelle.

Cet ouvrage nous permet de survoler la richesse des images produites sur ce continent, et comme on ne peut définitivement pas se limiter à quatre artistes, retrouvez-nous le mercredi 9 juin à 11h30 sur RCF Pays d’Aude pour en découvrir quatre de plus…

Africa 21ème siècle : Photographie contemporaine africaine aux éditions Textuel.
Pour plus d’informations : https://www.editionstextuel.com/livre/africa_21e_siecle

 Rédaction : Amélie Launay

(c)GRAPh-CMi

Les Failles Ordinaires de Géraldine Lay, une balade poétique qui suspend le temps le long d’un livre.

C’est le réel que l’on contemple dans Failles ordinaires, « le drame immobile de la vie ordinaire » comme le souligne Jacques Damez dans le texte qui accompagne cette balade photographique. C’est un univers apaisant, composé avec des couleurs sourdes et une ambiance tamisée, et de la douceur dans les tons et le cadrage des photographies.

La succession de sujets photographiques et de lieux que rien ne relie est déroutante parfois : Géraldine Lay nous offre dans ce livre un puzzle « sans prédécoupage », une balade sans but précis à travers différents pays d’Europe, mélangeant des portraits d’inconnus en pleine rue entrecoupés de paysages urbains enfouis sous la neige. Et l’immobilité du quotidien, les passant.es perdu.es dans leur bulle personnelle nous emmène à notre tour dans une faille temporelle le temps d’une lecture.

Failles ordinaires de Géraldine Lay aux éditions Actes Sud.
Pour plus d’informations : https://www.actes-sud.fr/node/41193

 Rédaction : Amélie Launay

(c)GRAPh-CMi

Cette semaine dans Le Coin Lecture du GRAPh, nous vous emmenons en voyage avec le photographe Stephan Gladieu, pour découvrir une société dont on a peu d’images : la Corée du Nord.

Le livre Corée du Nord de Stephan Gladieu est issu d’un projet inédit : celui de photographier les habitants d’un pays mystérieux, qui est très peu représenté en photographie. Pour réaliser cet objectif, il choisit de faire le portrait des Nord-coréens et nord-coréennes dans leur environnement quotidien ; un choix audacieux dans une société basée sur l’esprit collectif et où l’expression individuelle n’est pas encouragée, voire réprimée.

On est d’abord étonné de découvrir des scènes de vie quotidiennes légères et colorées, comme une famille au zoo, des amies profitant du parc aquatique, des militaires à la patinoire… Mais la maîtrise parfaite de l’image nous apparaît rapidement évidente : un cadrage équilibré, des corps positionnés en symétrie et des tenues vestimentaires toujours rigoureusement impeccables. Grâce à son petit studio de rue équipé d’un flash, Stephan Gladieu nous offre dans Corée du Nord une mise en scène semblable aux images de propagandes – qu’on aperçoit parfois à l’arrière-plan de certaines photographies – tout en s’éloignant des clichés que le reste du monde se fait de la vie au cœur de ce pays.

Ce livre fait partie de la dotation du Ministère de la Culture aux centres d’art contemporains dont le GRAPh-CMi a bénéficié, dans le cadre du plan d’aide d’urgence aux éditeurs.

Corée du Nord de Stephan Gladieu aux éditions Actes Sud.
Pour plus d’informations : https://www.actes-sud.fr/catalogue/coree-du-nord

 Rédaction : Amélie Launay

(c)GRAPh-CMi

« Escales & Scale », le livre photographique de Mathieu Oui qui nous fait rêver de soleil et d’Italie avec un fil rouge peu commun : l’escalier.

Pour ses 50 ans, Mathieu Oui s’offre un beau cadeau : le tour du littoral italien en train pendant 6 semaines. Partout où il fait escale, il choisit de porter son regard sur un sujet en particulier, l’escalier, ou scale en italien. Ce lieu, pourtant fixe et ancré dans le paysage depuis des centaines d’années, représente pour lui un lieu de passage, de transition, de voyage aussi.

Au travers de photographies argentiques en noir et blanc, ce remake contemporain du Grand Tour – autrefois réalisé par les jeunes et riches artistes européens de la Renaissance – est l’occasion de découvrir (ou de redécouvrir) les beaux paysages d’Italie, son histoire et sa culture. Mathieu Oui nous régale de cette collection de souvenirs ensoleillés en jouant avec les formes et les architectures diverses de l’escalier, et au fil de ses mots, nous racontent son périple de Trieste à Turin. 

Commande directe auprès de l’auteur : 06 26 07 78 90 – mathieu.oui@gmail.com
Pour plus d’informations : http://www.mathieuoui.com/escales-scale-le-livre/

 Rédaction : Amélie Launay